14 Juillet : Emmanuel Macron veut affirmer la crédibilité de l’armée française
À quelques jours du 14 Juillet, dans un contexte de fortes tensions internationales, l’Élysée a annoncé jeudi 10 juillet que, face à l’aggravation des menaces dans le monde, le président Emmanuel Macron tirera les conclusions nécessaires en matière de défense lors de son discours aux armées dimanche. Le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense Nationale, décrypte les enjeux.
France, Le Mans, 2025-07-02. Embarquement dans un helicoptere COUGAR de l’ALAT © Frédéric Pétry / Hans LucasLe défilé du 14 Juillet mettra en avant la “crédibilité” de l’armée française, avec des militaires “prêts à partir” en opération, a laissé entendre l’Élysée. Le président Emmanuel Macron affirme avoir tiré les leçons de la dégradation du contexte international, et souhaite que l’armée française démontre lundi sa “crédibilité opérationnelle” ainsi que sa “solidarité stratégique” avec ses partenaires. La 7e brigade défilera notamment non pas en tenue de parade, mais en tenue de combat, à bord d’engins blindés, selon le gouverneur militaire de Paris, le général Loïc Mizon, en charge de l’organisation.
Des foyers de conflit en constante expansion depuis 2022
L’“aggravation des menaces internationales” évoquée par Emmanuel Macron fait notamment référence aux situations en Ukraine et en mer Rouge. Le général Jérôme Pellistrandi rappelle que la France est déjà engagée militairement sur ces théâtres d’opération. « Il faut bien comprendre que le monde a basculé depuis plusieurs années, avec une nette accélération due à la guerre déclenchée par la Russie le 24 février 2022 », souligne-t-il. Le rédacteur en chef de Défense Nationale prévient : c’est désormais notre sécurité même qui est en jeu.
Il est essentiel que l’Europe et la France se dotent des moyens de préserver, par nos capacités de défense, ce que nous avons mis des décennies à construire.
Ce basculement sécuritaire est selon lui lié à la convergence de plusieurs évolutions portées par des États qui rejettent le modèle occidental basé sur la démocratie et le libre-échange. « Nous sommes aujourd’hui confrontés à des régimes autoritaires, voire totalitaires », explique le général, citant la Russie, la Chine et l’Iran. À ses yeux, ces pays ne conçoivent les relations internationales que comme des rapports de force bruts. « Il est essentiel que l’Europe et la France se dotent des moyens de préserver, par nos capacités de défense, ce que nous avons mis des décennies à construire. »
Des conflits aux formes multiples et en constante mutation
La nature des conflits s’est elle aussi complexifiée. Ils sont à la fois extrêmement violents, à l’image de la guerre de haute intensité entre la Russie et l’Ukraine, mais ils impliquent également de nouveaux outils, comme les drones ou l’intelligence artificielle. Le général Pellistrandi rappelle que la guerre se joue aussi sur d'autres terrains : cyberattaques, désinformation, guerre cognitive.
Aujourd’hui, la désinformation est une arme de guerre à part entière, abondamment utilisée par nos compétiteurs stratégiques, qui rejettent tout ce que nous représentons
« Aujourd’hui, la désinformation est une arme de guerre à part entière, abondamment utilisée par nos compétiteurs stratégiques, qui rejettent tout ce que nous représentons », affirme-t-il. La France investit massivement dans tous ces domaines, mais ces efforts sont parfois difficiles à justifier auprès des contribuables, qui ne perçoivent pas toujours l’ampleur ni l’urgence de la situation, conclut-il.
Être en capacité de se défendre
La Loi de programmation militaire prévoit 413 milliards d’euros pour les armées entre 2024 et 2030, avec une hausse annuelle de 3 milliards d’euros. L’objectif : acquérir de nouvelles capacités et remplacer les équipements obsolètes. « Nous devons, par exemple, augmenter le nombre de frégates, renforcer notre flotte de Rafale, recruter davantage de soldats, et valoriser la réserve », détaille le général Pellistrandi. Il insiste sur le fait que nous sommes tous concernés par la défense nationale, et rappelle que l’engagement volontaire dans la réserve, y compris à l’échelle européenne, permettrait de renforcer significativement nos capacités, en impliquant directement la population.
Face à nous, la Russie consacre environ 40 % de son PIB à la défense. En comparaison, la France y consacre autour de 2,5 %.
Les efforts militaires exigés aujourd’hui découlent d’un long désengagement de la France dans ce domaine depuis la fin de la guerre froide. « Il faut souligner, à mettre au crédit du président de la République, que depuis son arrivée à l’Élysée en 2017, les budgets de la défense n’ont cessé d’augmenter », affirme-t-il. Cependant, la remise à niveau de nos équipements prend du temps, et reste aujourd’hui en décalage avec un pays comme la Russie, déjà en économie de guerre. « Face à nous, la Russie consacre environ 40 % de son PIB à la défense. En comparaison, la France y consacre autour de 2,5 %. La Russie produit en trois mois plus d’armements que l’ensemble des pays de l’OTAN en une année. »


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