13-Novembre : 9 savoyards et haut-savoyards accompagnés par l'AVIJ des Savoie
Il y a 10 ans, leur vie a basculé. Sur la terrasse d’un café, au match de foot en famille, ou dans une salle de concert entre amis, ils ont croisé la mort, de très près ou de plus loin. Les rescapés des attentats parisiens du 13 novembre 2015 tentent de se reconstruire, après la triple attaque terroriste en plein Paris qui a fait 130 morts, et plus de 400 blessés. L’Aide Aux Victimes et Intervention Judiciaire, l’AVIJ des Savoie, a accompagné neuf personnes qui ont vécu cette nuit d'horreur, ou ont perdu un proche.
Plusieurs dizaines de personnes se sont recueillies place de la République à Paris le 15 novembre 2015. ©WikipédiaRCF : Nathalie Saint-Denis, bonjour. Vous êtes la directrice opérationnelle de l'AVIJ des Savoie, qui appartient au réseau national France Victimes, qui intervient sur demande des victimes, mais aussi sur réquisition du parquet des cinq tribunaux de Bonneville, Albertville, Annecy, Chambéry et Thonon les Bains. Vous avez accompagné depuis 2015 neuf savoyards et haut-savoyards dans leur reconstruction après les attaques du 13 novembre 2015. Comment vont-elles ?
Nathalie Saint-Denis : Parmi les personnes que nous avons accompagnées, il y a des personnes qui étaient au Bataclan ce soir-là. Mais aussi des proches des victimes. Certaines ont envie de tourner la page, pour mieux se reconstruire. La thérapie, l'accompagnement proposé depuis des années a pris fin naturellement pour certaines personnes. D'autres ont choisi de déménager, et sont prises en charge par d'autres structures. Et puis il y a ces familles de victimes qui vont être endeuillées à vie, parce qu'il y a de l'incompréhension, de l'injustice, il n'y a pas de règle.
Les victimes que vous avez accompagnées sont considérées par l'Etat comme des victimes de guerre, et d'actes terroristes. Qu'est ce que ça change pour elles ?
N.S-D : La prise en charge financière est plus importante. Nous intervenons pour faciliter le processus indemnitaire, les dommages et intérêts. Ce statut permet un meilleur accompagnement, en raison aussi du grand nombre de victimes.
Comment l'AVIJ intervient sur le plan psychologique des victimes ?
N.S-D : C'est de la prise en charge individuelle. Il n'y a pas de limite de durée d'accompagnement. Nos psychologues sont formés à l'EMDR. C'est une technique qui travaille sur la gestuelle, qui permet de recentrer la victime, et de lui apprendre à vivre normalement au regard de l'événement traumatique.
L’avocate de Salah Abdeslam, l’un des terroristes responsable des attaques du 13 novembre, a indiqué que son client souhaitait rencontrer les proches des victimes des attentats terroristes. Ce serait une première dans le cadre d’attentats terroristes. Un temps de parole confidentiel, mené par un binôme de médiateurs neutres spécialement formé, ayant pour objectif "la reconstruction de la victime, la responsabilisation de l’auteur de l’infraction et sa réintégration dans la société". La justice restaurative peut-elle être une attente chez les victimes ?
N.S-D : Oui, chez certaines victimes, qui ont des questions très précises, de l'ordre du détail. Pourquoi mon meilleur ami qui était à côté de moi au Bataclan, a été tué, et pas moi ? La logistique aussi de ces attaques, la préparation de ces attaques... Ce sont des questions qui hantent les victimes. Pouvoir poser ce genre de question peut-être libérateur, et participer à la reconstruction des victimes.
Pour contacter l'AVIJ des Savoie, en cas de vol, menaces, cambriolage, ou de violences conjugales, un numéro : 04 50 52 90 75, ou par mail. contact@avij-des-savoie.fr


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