11 novembre : comment les catholiques honorent-ils les morts pour la France ?
Entre la Toussaint, la commémoration des fidèles défunts et le 11 novembre, l’Église invite à vivre le souvenir des morts pour la France dans la prière et l’espérance. Le père Jean-Sébastien Strumia, vicaire épiscopal du diocèse de Montpellier, éclaire cette rencontre entre mémoire nationale et foi chrétienne.
Monuments aux morts de Montpellier © Archives départementales de l'HéraultLe mois de novembre ouvre pour les catholiques un temps de mémoire et de recueillement.
Le 1er novembre, la Toussaint célèbre la foule des saints déjà dans la lumière de Dieu ; le lendemain, le 2 novembre, la prière se tourne vers tous les fidèles défunts.
Quelques jours plus tard, le 11 novembre, la Nation rend hommage aux soldats morts pour la France.
Ce hasard du calendrier n’est finalement pas anodin : "Il y a une belle harmonie entre la tradition de l’État et celle de l’Église", explique le père Jean-Sébastien Strumia, directeur de la formation pastorale et spirituelle. "Dans les deux cas, il s’agit de se souvenir, de rendre grâce et de prier pour ceux qui ont donné leur vie."
Unir mémoire nationale et prière chrétienne
Chaque année, dans de nombreuses paroisses, une messe est célébrée le 11 novembre.
Élus, militaires et anciens combattants s’y retrouvent pour un moment de recueillement avant de rejoindre la cérémonie républicaine.
"Dans chaque messe, nous prions pour les vivants et les morts", rappelle le père Strumia. "C’est une prière universelle, qui embrasse dans ce cas précis ceux qui sont tombés hier comme ceux qui se battent aujourd’hui."
Souvent, à la fin de la célébration, le prêtre accompagne le maire et les enfants du village pour déposer une gerbe au monument aux morts. Un geste simple mais fort, où foi et mémoire se rejoignent dans une même fidélité.
La présence discrète mais essentielle des aumôniers militaires
Depuis toujours, l’Église accompagne les hommes et les femmes engagés dans les forces armées. Les aumôniers militaires vivent à leurs côtés, partagent leur quotidien et les soutiennent spirituellement.
"L’aumônier n’est pas un observateur extérieur", souligne le père Strumia. "Il porte l’uniforme, il vit avec eux. Il est prêtre, pasteur au milieu de ses frères d’armes."
Cette proximité confère à sa parole une force particulière : celle d’un homme de foi présent dans l’épreuve, capable d’écouter, d’encourager, de prier sans jugement.
La foi au service du courage et de la fraternité
Être militaire, c’est choisir de servir, parfois jusqu’au don de sa vie. Cette dimension du sacrifice et du service du bien commun résonne profondément avec la foi chrétienne.
"Quelle que soit la confession, il y a chez chaque soldat une quête de sens, une vie spirituelle, parfois silencieuse mais bien réelle", confie le prêtre.
Dans les moments de doute ou de peur, la foi devient un appui. Elle ne supprime pas la peur, mais elle aide à lui donner un sens, à la transformer en espérance.
Des saints protecteurs, témoins de courage
Dans la tradition militaire, chaque corps d’armée a son saint patron : sainte Barbe pour les pompiers, saint Georges pour les blindés, sainte Jeanne d’Arc pour les femmes militaires, saint Bernard pour les troupes de montagne, saint Roch, figure locale bien connue de Montpellier, est le patron des unités cynophiles.
Ces saints rappellent que le courage et la fidélité peuvent être vécus à la lumière de la foi.
Ainsi, se souvenir des morts pour la France, c’est aussi croire que leur sacrifice s’inscrit dans une espérance plus grande, celle de la vie donnée par amour.


Chaque semaine, un acteur du diocèse de Montpellier prend la parole pour partager son regard sur l’actualité, les rassemblements, les fêtes religieuses et les grandes célébrations qui rythment la vie diocésaine.




