Philippe d’IRIBARNE, polytechnicien, économiste, anthropologue, directeur de recherche au CNRS. Auteur de Au-delà des fractures chrétiennes (Salvator)
On parle beaucoup de société « liquide », épithète popularisée par le sociologue et philosophe polonais Zygmunt Bauman. « Liquide » désigne un état produit par la déconstruction où, tout se réduisant à rien, plus rien ne tient, en particulier les institutions. En même temps, on ne cesse de parler de fractures : en politique, le bloc central, les blocs des extrêmes traduisent une assemblée ingouvernable, par exemple. En fait, les identités ne sont pas si mouvantes qu’on le dit et plus celles-ci se sentent menacées par le raz-de-marée de l’insignifiance, plus elles se durcissent, plus elles cherchent à exister. Les chrétiens n’y échappent pas et eux-mêmes sont toujours divisés sur l'attitude à tenir à l'égard de la modernité, ce projet d'humanité nouvelle dont les uns estiment qu'il accomplit les valeurs chrétiennes, quand les autres y voient une capitulation de celui-ci devant l'esprit du monde. Une tension a toujours existé entre le terrestre et le céleste mais, par le passé, l'Église est arrivée à christianiser les mœurs, la chevalerie par exemple. Aujourd'hui, le statut de la vérité et le rapport à l'islam, à l'étranger et aux autres religions sont des éléments clivants au sein du catholicisme. Un colloque se tient demain à l’Institut de France. Il s'intitule « fractures chrétiennes ». Ce colloque est organisé par des intellectuels de renom : Philippe d’Iribarne, Pierre Manent, Rémi Brague, Chantal Delsol. Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, en conclura les travaux.