Emmanuel Faber trouvera-t-il la quadrature du cercle?Anne-Cécile Suzanne revient sur le lancement d'un fond d'investissement éthique par l'ancien patron de Danone. Un fond visant à soutenir la transition écologique des entreprises françaises.
"Emmanuel Faber, le charismatique ancien PDG de Danone, vient de se lancer dans la direction d’un fonds d’investissement dans les entreprises à fort impact pour la transition écologique. L’objectif ? Investir dans des projets à forte teneur technologique, pour une agriculture innovante, une alimentation saine, respectueuse de l’environnement et des hommes. L’initiative interpelle sur le rôle de la finance dans ce vaste défi collectif qu’est la transition écologique.
Il faut avouer que si les Etats ont pris des engagements forts en matière climatique, en particulier dans l’Union européenne, ils ne pourront pas le faire sans les entreprises, qui génèrent une part majeure de l’activité et du revenu des Etats, ce qui finance la transition écologique, mais également une part majeure de leur impact environnemental, ce qui rend aujourd’hui nécessaire cette transition. Les incitations des acteurs politiques à la prise en compte des enjeux environnementaux sont à cet égard paradoxales : d’un côté, les entreprises doivent être compétitives, car c’est bon pour le PIB et l’emploi, mais de l’autre elles doivent être durables, ce qui nuit à leur compétitivité face à d’autres puissances économiques qui n’ont que faire de l’environnement à horizon vingt ans. L’idéal serait pour l’Etat de parvenir à compenser financièrement le différentiel de compétitivité entre les entreprises nationales, plus durables, et leurs concurrentes étrangères, mais ceci est à la fois impossible alors que le déficit public s’aggrave chaque année, et interdit par les règles de concurrence européenne.
On en revient donc ici à Emmanuel Faber et à son intéressante reconversion. L’enjeu du fonds d’investissement qu’il va diriger, avec d’autres associés, est de financer ce différentiel et de parvenir ainsi à ce que des entreprises fassent naitre de véritables solutions technologiques pour la transition écologique. Alors c’est vrai que les fonds d’investissement n’ont pas la cote en France, tant la méfiance pour le monde de la finance y est grande. Mais indéniablement, ces fonds d’investissement, qui se multiplient aujourd’hui, opèrent une petite révolution dans le monde de la finance et sont en train de combler un vide qui s’était formé dans la politique publique. Comme quoi, lorsque l’urgence s’impose, l’avenir est toujours pavé de grands hommes, et de petites révolutions."