Corruption : la France mal notéeDans un contexte géopolitique de plus en plus troublé, où de grandes puissances revendiquent le cynisme le plus pur dans la conduite des affaires stratégiques et économiques, visant à s’approprier sans vergogne les richesses naturelles de toute la planète, nos démocraties, spécialement en Europe, se devraient au contraire d’être exemplaires.
Leur crédibilité en dépend. Celui d’un modèle démocratique qui privilégie autre chose que les rapports de force aussi. C’est une responsabilité morale importante notamment vis-à-vis des pays émergents.
Chaque année, l’ONG Transparency International, dont la principale vocation est la lutte contre la corruption des gouvernements et institutions gouvernementales, publie un rapport qui fait référence. Celui de février 2025 fait état d’évolutions inquiétantes à travers le monde et pointe le lien entre la corruption et le manque de préparation de l’avenir, notamment dans la lutte contre le changement climatique.
Dans ce rapport figure aussi le classement de chaque pays au regard de l’indice calculé de la perception de la corruption (IPC). Le Danemark, la Finlande, Singapour ou la Nouvelle-Zélande sont les pays les plus vertueux. La Syrie, le Venezuela, la Somalie et le Sud-Soudan sont au contraire les plus soumis à la corruption. Et la France, me direz-vous ?
Transparency International révèle, je cite, une dégradation alarmante et inédite de la situation française. La France perd cinq places dans le classement mondial, tombant à la 25ème position sur 180, dix rangs derrière l’Allemagne. Cette baisse, sans précédent depuis la création de l’indice en 1995, met en lumière des failles structurelles dans la lutte contre la corruption, aggravées par des scandales récents et une perte de confiance dans les institutions démocratiques. Le constat Transparency International est sans appel : la France, qui était déjà pointée pour le manque d’exemplarité du pouvoir exécutif et le manque d’indépendance de l’autorité judiciaire, risque de perdre le contrôle de la corruption.
Ce constat a été fait avant la nomination de Richard Ferrand pour neuf ans à la présidence du Conseil constitutionnel qui n’a dû qu’au jeu de la prescription d’éviter un procès pour prise illégale d’intérêt aux Mutuelles de Bretagne qu’il dirigeait naguère, qui a pour principale compétence d’être un proche du Président de la République et qui a, en quelque sorte, reçu la bénédiction des parlementaires du Rassemblement National, peut-être pour que le Conseil constitutionnel permette à Marine Le Pen d’éviter l’inéligibilité suite à l’affaire des assistants parlementaires RN. L’avenir le dira. Nul doute que Transparency International regarde cela avec attention pour son prochain rapport.