Olivier ABEL, philosophe, ancien élève de Paul Ricœur, professeur émérite de philosophie et d'éthique à la faculté de théologie protestante de Montpellier. Auteur de Le vertige de l’Europe (Labor et Fides)
En 1992, au moment du saut décisif qu’a représenté le traité de Maastricht, objet d’un référendum, le philosophe Olivier Abel publiait la Justification de l’Europe, où il explorait les raisons d’être philosophiques, historiques et culturelles qui soutiennent l’idée européenne. 30 ans plus tard, le philosophe réfléchit au Vertige de l’Europe, à l’évolution de l’utopie de l’UE, à laquelle il a adhéré pour le souffle qu’elle insufflait, pour l’horizon qu’elle représentait. Aujourd’hui, il estime que l’Europe ne saurait émerger du vide. L’Europe, constate-t-il, est sur la défensive de tous les côtés : la menace russe, la redéfinition du rapport aux Etats-Unis, le choc avec le monde islamique au Sud. « J’appelle Europe tout ce qui a été romanisé, christianisé et qui a subi la discipline grecque », aimait à dire Paul Valéry. Comment redonner du cœur, de la chair, de l’âme à l’Europe qui a tant apporté au monde, qui s’est montrée si curieuse des autres aires de l’humanité. Rien ne saurait émerger du vide sur lequel une construction artificielle peine à s’ancrer. Le pluralisme et le dynamisme des différentes composantes de l’Europe assureront sa pérennité et sa vitalité.