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Le Grand Témoin

présentée par Louis Daufresne

Chaque jour, Louis Daufresne apporte convivialité et regard positif, dans un esprit critique, sur l'actualité au sens large, en compagnie d'une personnalité reconnue et issue du monde intellectuel, religieux, etc.

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Episodes

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    11 décembre 2025

    Euthanasie : les Petites Sœurs des Pauvres militent pour étendre l'objection de conscience

    17 min
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    Sœur AGNÈS, médecin chez les Petites Sœurs des Pauvres

    Grégor PUPPINCK, docteur en droit, directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ)

    Alors qu’il n’y a aucune urgence, ni aucune demande sociale réelle, le gouvernement se livre à de l’obstination déraisonnable en voulant faire passer la loi sur la fin de vie avant l’élection présidentielle. Le Sénat examinera les propositions de loi sur l’aide à mourir et les soins palliatifs à partir du 20 janvier. Celle sur les soins palliatifs est consensuelle, l’autre est nettement plus sensible. On imagine mal que les deux lois soient compatibles puisque celle sur l’euthanasie dite de liberté risque d’être liberticide en prévoyant un délit d’entrave de 2 ans de prison et de 30000 euros d'amende, soit la disposition le plus répressive du monde. À trois reprises, l’impéritie politique a retardé cette échéance. Plus on gagne du temps, plus l’opposition à l’euthanasie se structure et plus on mesure les conséquences pour la société tout entière si on lève l’interdit de tuer. Comme pour l’enseignement privé sous contrat, les établissements de soins confessionnels se retrouvent en porte-à-faux : d’un côté, ils sont financés par l’État, de l’autre ils tiennent à leur caractère propre. La moitié des ressources des Petites Sœurs des Pauvres provient de la manne publique mais celles-ci refusent que leurs maisons pratiquent l’euthanasie. Elles ont écrit aux sénateurs pour faire part de leur inquiétude en demandant, si la loi passait, que deux amendements soient ajoutés : l’un sur la possibilité d’une objection de conscience pour tous les personnels de leurs établissements, l’autre sur l’inscription dans la loi d’un refus de pratiquer l’euthanasie. Dans la balance, sœur Agnès n’exclut pas de devoir quitter la France si un compromis de ce type n’était pas trouvé.

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    12 décembre 2025

    Faut-il avoir peur de la fin des temps ?

    17 min
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    Père Charles BONIN, prêtre du diocèse de Grenoble-Vienne, juriste, ancien commissaire de la Marine, diplômé en droit international public et en théologie dogmatique. Auteur de Faut-il se préparer à la fin des temps ? (Artège)

    Et si on percevait que les choses allaient bientôt finir ici-bas ? Une certaine angoisse autour de l’épuisement de ressources limitées fait poindre la perspective que la planète pourrait cesser de vivre. Mais sortons d’une lecture catastrophiste pour entrer dans la vraie signification eschatologique. Pour les chrétiens, la fin des temps donne un sens à notre finitude, la prolonge vers une finalité qui est le royaume de Dieu. C’est le sens de la réflexion du père Charles Bonin, prêtre du diocèse de Grenoble-Vienne, juriste, ancien commissaire de la Marine, et qui nous emmène sur l’océan de l’Apocalypse. Un océan en ébullition spirituelle dont l'espérance n'est pas absente.

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    10 décembre 2025

    La généalogie peut-elle répondre au malaise identitaire ?

    17 min
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    Jean-Louis BEAUCARNOT, généalogiste. Auteur du Dictionnaire amoureux de la généalogie (Plon)

    Dans un monde où tout se vaut et tout se vend, ce qui résiste au marchandisation est pourvu d’une valeur infinie. Le passé en fait partie. La généalogie raconte d’où je viens, de qui je descends. Chaque personne, y compris les sans-abri, les migrants ou les prisonniers, a droit connaître son parcours familial. Ce n’est pas un privilège dynastique. Cette connaissance, sans guérir toutes les blessures, peut aider à surmonter les ruptures. Après la révolution de l’Internet, la généalogie fait face à l’ADN et à l’IA. Ce loisir est un métier exigeant – qui suppose d’être patient et méticuleux. De nos jours, la mondialisation et la mobilité accentuent la pluralité des origines, rendent les filiations plus acrobatiques. Mais, si par exemple un Gabriel Attal est « citoyen du monde », un François Bayrou ne sort quasiment pas du Béarn.

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    9 décembre 2025

    La béatification des abbés Maurice Rondeau, Jean Batiffol et du séminariste Jean Tinturier, trois anciens de l’ICP

    17 min
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    Père Emmanuel PETIT, docteur en droit canonique de l'Université grégorienne de Rome, recteur de l’Institut catholique de Paris

    On ne pouvait rêver un plus beau cadeau d’anniversaire : comme un écho aux 150 ans de l’Institut catholique de Paris, créé en 1875, deux prêtres et un séminariste de l’ICP seront béatifiés samedi lors d’une cérémonie solennelle en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Les abbés Maurice Rondeau et Jean Batiffol, ainsi que Jean Tinturier figurent parmi les 50 Français dont le martyre a été reconnu par le pape Léon XIV. Tous les trois sont morts en Allemagne en 1945. Ils avaient 36, 38 et 24 ans. Ils étaient volontaires pour accompagner humainement et spirituellement les centaines de milliers de civils que le régime nazi avait requisitionnés pour participer à l’effort de guerre, le fameux STO. Leur activité étant devenue illégale le 6  décembre 1943, elle les conduisit au sacrifice suprême.

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    8 décembre 2025

    Edition spéciale Immaculée Conception

    17 min
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    Camille de VILLENEUVE, docteur en philosophie, maître de conférences aux Facultés Loyola Paris. Auteur de Vierge ou mère – quelles femmes veut l’Église catholique (éditions Philippe Rey)

    Frère Renaud SILLY, dominicain, a dirigé le Dictionnaire Jésus rédigé par les chercheurs de l’Ecole biblique de Jérusalem (éditions Bouquins)

    En ce jour du 8 décembre, l’Église catholique célèbre l’Immaculée Conception, dogme selon lequel la Vierge Marie a été préservée du péché originel dès le premier instant de son existence. Proclamé en 1854 par le pape Pie IX, cette vérité s’enracine dans des siècles de réflexion et aussi de piété populaire. Dès le Moyen Âge, théologiens et mystiques débattent de la possibilité pour la Vierge Marie d’avoir été, par une grâce particulière, totalement préservée de la faute originelle décrite par la Genèse. Cette idée visait à souligner l’unicité de celle qui devait porter le Christ. Il s’agissait de rappeler que le salut annoncé par Jésus s’appliquait d’abord à sa propre mère, par anticipation. L’Immaculée Conception ne doit pas être confondue avec une autre notion théologique, la conception virginale de Jésus. L’Immaculée Conception concerne Marie elle-même. Cet événement touche ses parents, Anne et Joachim, et non la naissance de Jésus. À l’inverse, la conception virginale de Jésus renvoie à la naissance du Christ, Jésus ayant été conçu par l’action de l’Esprit Saint, sans union charnelle, dans le sein d’une femme demeurée vierge. Ce mystère, qui se rapporte directement à la personne de Jésus, est célébré lors de l’Annonciation, le 25 mars. En résumé, l’Immaculée Conception parle de la pureté spirituelle (dès sa conception), tandis que la conception virginale de Jésus désigne la pureté corporelle (avant, pendant et après la naissance du Christ). Bien que l’Immaculée Conception soit un dogme, des questions demeurent : Si Marie est préservée du péché originel, a-t-elle encore besoin d’être sauvée par le Christ ? La formule « sauvée par anticipation » n’est pas toujours intuitive. Si Marie bénéficie d’un privilège unique que Dieu ne donne à personne d’autre, cela peut susciter un sentiment d’incohérence dans l’universalité du salut. Pourquoi certains grands théologiens, dont Thomas d’Aquin, n’y adhéraient-ils pas ? La position dominicaine est que Marie est sanctifiée, mais non immaculée dès sa conception. Si Marie n’a jamais contracté le péché originel, alors elle n’a pas besoin d’être sauvée par le Christ. Selon eux, tous les humains, Marie comprise, doivent être sauvés par le Christ. La position franciscaine consistait en la préservation absolue de Marie dès sa conception. Leur argument clef, formulé par Duns Scot, est que Marie a été sauvée par le Christ « par anticipation » : non pas délivrée d’un péché contracté, mais préservée de le contracter. Parallèlement, l’idée d’une femme « sans péché » risque de renforcer des représentations idéalisées ou irréalistes de la féminité. Et surtout : que vaut le oui de Marie si elle n’avait pas la possibilité de dire non ?

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    5 décembre 2025

    Le vieillissement accroît le mal-logement, combat du père Devert

    17 min
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    Père Bernard DEVERT, ancien promoteur immobilier devenu prêtre à 40 ans, président-fondateur de Habitat & Humanisme, président du Haut comité pour le Droit au logement

    Le mal logement est une plaie française. 40 ans après sa fondation, Habitat & Humanisme poursuit son combat pour la mixité sociale et la mixité des âges, contre la ghettoïsation et l'isolement. Pourquoi cette indifférence à l’égard des personnes en situation de fragilité ? On ne mesure pas à quel point le lieu où l'on habite peut vous transformer. Ancien promoteur immobilier, le père Bernard Devert mobilise 3500 salariés, 60 associations réparties en plusieurs branches (logement d’insertion, l'urgence, le médico-social avec 62 établissements). Son message pour les municipales : que l'on investisse massivement dans le logement et que l'on voie nos aînés comme une richesse, cela changerait tout ! Pour le père Devert, le logement est un acte de soin.

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    4 décembre 2025

    Que signifie être souverain au XXIe siècle ?

    17 min
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    Claude REVEL, énarque, ancienne déléguée ministérielle à l’intelligence économique, conférencière. Avait publié en 2012 La France, un pays sous influence ? (Vuibert)

    Le président chinois Xi Jinping a accueilli son homologue français Emmanuel Macron, venu le presser de corriger le déséquilibre commercial avec l'Europe, et d’user de ses relations avec la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Il s'agit de sa quatrième visite officielle en Chine depuis son accession à la présidence en 2017. Le président Xi a lui-même été reçu en France l’an dernier. Les désaccords sont profonds. Emmanuel Macron entend aborder des pratiques commerciales chinoises jugées déloyales, des voitures électriques à l'acier. La relation entre la Chine et l'Europe est caractérisée par un déficit commercial massif (357 milliards de dollars) en défaveur de l'UE. Un colloque se tient samedi à Paris dans le VIe à l’hôtel de l’industrie, colloque organisé par le Nouvel essor français, groupe de réflexion visant à « faire de la France le pays le plus puissant et prospère d’Europe ». Fondé par Patrice Huiban, saint-cyrien devenu haut fonctionnaire et qui enseigne l’économie de la Défense à Sciences Po Paris, le Nouvel essor français se demande ce que signifie être souverain au XXIe siècle. À cette réflexion participe Claude Revel, qui sous François Hollande avait été déléguée ministérielle à l’intelligence économique. Selon elle, la souveraineté se définit comme la « maîtrise avisée de nos dépendances ». Ce concept n’est pas simple à articuler avec l’Union européenne, largement acquise aux États-Unis, comme l’a une nouvelle fois démontré cet été l’accord sur les tarifs douaniers. L’UE se voit imposer des droits de douane de 15%, avec de rares exemptions (aéronautique, spiritueux, médicaments), et des taxes plus lourdes dans certains secteurs (acier). L’UE s’est par ailleurs engagée à hauteur de 750 milliards de dollars à faire des achats d’énergie et à 600 milliards d’investissements supplémentaires aux Etats-Unis.

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    3 décembre 2025

    Quand une fille emmène sa mère à Lourdes

    17 min
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    Amandine CORNETTE de SAINT-CYR, romancière. Auteur de Au secours Marie ! (Fayard)

    Après avoir appelé au secours sainte Rita, la voilà qui implore la vierge Marie. Pour Amandine Cornette de Saint-Cyr, le Ciel n’est pas vide, le cœur non plus. On a parfois besoin dans sa vie de consolation. Face à la maladie de sa mère, la romancière a décidé d’aller à Lourdes. Les épreuves rapprochent, ramènent ce qu’il reste à vivre à ce qui doit être vécu. Même si des stars comme Maradona sont allés dans la cité mariale, ce sont des millions d’anonymes qui viennent y chercher l’eau. Par-delà ses boutiques à bondieuseries, Lourdes demeure un refuge où la vie reprend son sens après que la maladie l’a fait basculer.

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    2 décembre 2025

    Qui était l'insaisissable général Franco, 50 ans après la mort du Caudillo ?

    17 min
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    Stéphane MICHONNEAU, historien, spécialiste de l’Espagne, professeur à l’université Paris-Est Créteil, ancien directeur des études à la Casa de Velasquez à Madrid. Auteur de Franco, Le temps et la légende (Flammarion)

    Au sortir d’une guerre civile très meurtrière (1936-1939), le général Francisco Franco domina l’Espagne jusqu’à sa mort le 20 novembre 1975. L’homme fort de la péninsule ibérique, peu charismatique et moqué par ses pairs pour son excessive prudence, instaura un régime en s’appuyant sur le haut clergé catholique, menant une croisade contre « les impies » et contre la contagion communiste. Franco eut l’habilité de se placer au bon moment du bon côté, ce qui lui valut le soutien des États-Unis et l’intégration dans l’OTAN. La répression que dirigea son régime, y compris après la guerre civile, laissa des traces, une « impression » pour reprendre le terme de saint Augustin, qui cristallise l’hostilité mémorielle que lui voue la gauche espagnole qui, en quête d’identité, instrumentalise une histoire que la monarchie avait réussi à apaiser. Les mémoires de l’ex-roi d'Espagne Juan Carlos, déjà sorties en France, parlent d’ « une transition exemplaire », à deux jours de leur sortie en Espagne. Le général Franco l’avait officiellement désigné comme son successeur. L'ancien monarque de 87 ans tient des propos élogieux à l'égard du Caudillo.

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    1 décembre 2025

    Avec Frédéric Hermel, allons de l’Avent !

    17 min
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    Frédéric HERMEL, journaliste à RMC. Auteur de C’est ça la foi ! (Fayard)

    En voilà qui sait où il crèche et qui le dit : dans ce récit où il se livre, Frédéric Hermel stimule les âmes, la foi n’y étant pas assimilée à un concept lointain, mais à une présence vivante, faite de gestes et d’émotions profondes et d’héritage naturellement partagé. Une foi simple, populaire et joyeuse – qu’il assume avec une certaine nostalgie. Né à Mercatel près d’Arras (Pas-de-Calais), Frédéric Hermel se souvient des trois messes par semaine, des cours de catéchisme où allaient tous les élèves de l’école publique. Le manque de prêtres est à ses yeux « un drame absolu ». Et si l’Avent préfigurait la redécouverte de la foi chrétienne, loin du consumérisme niveleur et vide auquel on assimile la fête de Noël. Les crèches cristallisent un enjeu, celui de l’annonce du Christ dans un monde perdu et sans espérance. Après son livre à succès Zidane et de C’est ça la France ! Frédéric Hermel invite à vivre les rites de la foi, à marier le culturel et le cultuel, une dimension que le catholicisme postconciliaire avait délaissée au profit d’un élitisme désincarné.

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    28 novembre 2025

    L’UE prise en étau entre la Russie et les États-Unis

    17 min
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    Pierre MÉNAT, diplomate, ancien directeur des affaires européennes au ministère des Affaires étrangères, ancien conseiller du président Jacques Chirac. Auteur de L’Europe entre Poutine et Trump (L’Harmattan)

    Pour l’Union européenne, le temps est sans doute venu de faire le deuil de ses illusions. De part et d’autre, qu’elle se tourne vers l’est, l’ouest ou le sud, ce territoire de paix perpétuel fait face à un monde en fusion et hostile, incarné par des voix comme Donald Trump ou Vladimir Poutine, qui prennent en étau le rêve européen, et surtout la politique étrangère de l’UE historiquement fondé sur le renoncement à la puissance. Vladimir Poutine a déclaré hier que la Russie ne cesserait les hostilités en Ukraine que si les forces de Kiev acceptaient de se retirer des territoires dont elle revendique l'annexion, faute de quoi l'armée russe les prendra « par la force ». La présidence ukrainienne a de son côté formellement exclu tout abandon de ses territoires, affirmant que le seul sujet réaliste était un cessez-le-feu sur la ligne de front. Ces déclarations du président russe surviennent alors que les États-Unis ont présenté la semaine dernière un plan visant à mettre fin à la guerre, plan mis au point par les Russes et les Américains, sans l’once d’une influence européenne.

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    27 novembre 2025

    Penser après-libéralisme

    17 min
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    Adrian PABST, politologue, professeur honoraire à l’université britannique du Kent, docteur en philosophie politique et en philosophie des religions. Auteur de Penser l'ère post-libérale - une troisième voie pour sortir de la crise démocratique (Desclée de Brouwer)

    En France, le libéralisme coalise contre lui toutes les forces politiques, de gauche comme de droite – qui lui préfèrent l’État omniprésent ou, à tout le moins, le dirigisme d’une élite technocratique. Politologue d’origine allemande enseignant outre-Manche, Adrian Pabst, proche du théologien anglican John Milbank, est une voix qui compte dans ce milieu de la philosophie politique. Selon lui, le libéralisme est dans une impasse, il corrompt nos sociétés, les dissout, fait de chacun de nous des particules élémentaires. Comment en sortir ? Il faut refonder la pensée sur le christianisme social qui fait de la dignité de la personne et du bien commun des absolus. Mais ces concepts sont difficiles à théoriser et surtout à concrétiser, sans être simplement incantatoires, ce qui manifeste au bout du compte une forme d’impuissance à changer le cours des choses. C’est toute la difficulté d’user de concepts normatifs et peu opératoires et le risque est donc de substituer l’utopie au réalisme. Malgré cette difficulté, le post-libéralisme, sans nier l’économie de marché, l’assigne à sa juste place, faisant prévaloir les corps intermédiaires et, dans le sillage du pape François, il représente un antidote à la « culture du déchets » qui est la monstruosité du cynisme économique actuel.

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    26 novembre 2025

    Obliger la Turquie à cesser de persécuter les chrétiens

    17 min
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    Grégor PUPPINCK, docteur en droit, directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ)

    Léon XIV entame demain son premier voyage à l'étranger au cœur du berceau historique du christianisme, en Turquie, pour marquer le 1700e anniversaire du concile de Nicée. Le voyage du pape auprès de Bartholomée 1er, patriarche œcuménique de Constantinople, manifestera l’unité de l’Église. C’est la basilique d'Iznik, où se rendra Léon XIV à 200 km au sud d'Istanbul, qui accueillit en 325 la profession de foi du christianisme que l’Empire romain avait rendu légal douze ans auparavant. Malgré cette longévité et cette antériorité, les chrétiens, ou ce qu’il en reste, sont persécutés par un État turc, islamique sunnite et nationaliste. Un rapport du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), ONG de juristes chrétiens basée à Strasbourg, a publié un rapport détaillé sur la persécution des chrétiens de Turquie, l’idée étant que les media, les ambassades et les politiques fassent du respect des droits des chrétiens une exigence absolue dans leurs rapports avec la Turquie. Ce pays est membre du Conseil de l’Europe, lequel pourrait se saisir de la situation. Une pétition sur le site de l’ECLJ vise à engager cette procédure.

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    25 novembre 2025

    Redonner du sens à l'idée européenne, pour sortir du vide et du vertige qu'il suscite

    17 min
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    Olivier ABEL, philosophe, ancien élève de Paul Ricœur, professeur émérite de philosophie et d'éthique à la faculté de théologie protestante de Montpellier. Auteur de Le vertige de l’Europe (Labor et Fides)

    En 1992, au moment du saut décisif qu’a représenté le traité de Maastricht, objet d’un référendum, le philosophe Olivier Abel publiait la Justification de l’Europe, où il explorait les raisons d’être philosophiques, historiques et culturelles qui soutiennent l’idée européenne. 30 ans plus tard, le philosophe réfléchit au Vertige de l’Europe, à l’évolution de l’utopie de l’UE, à laquelle il a adhéré pour le souffle qu’elle insufflait, pour l’horizon qu’elle représentait. Aujourd’hui, il estime que l’Europe ne saurait émerger du vide. L’Europe, constate-t-il, est sur la défensive de tous les côtés : la menace russe, la redéfinition du rapport aux Etats-Unis, le choc avec le monde islamique au Sud. « J’appelle Europe tout ce qui a été romanisé, christianisé et qui a subi la discipline grecque », aimait à dire Paul Valéry. Comment redonner du cœur, de la chair, de l’âme à l’Europe qui a tant apporté au monde, qui s’est montrée si curieuse des autres aires de l’humanité. Rien ne saurait émerger du vide sur lequel une construction artificielle peine à s’ancrer. Le pluralisme et le dynamisme des différentes composantes de l’Europe assureront sa pérennité et sa vitalité.

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    24 novembre 2025

    Décivilisation : comprendre la brutalisation gagnant les sociétés occidentales

    17 min
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    Gaël BRUSTIER, essayiste, politologue et conseiller politique. Auteur de La Route de la décivilisation (Cerf)

    Même si la parole présidentielle est largement démonétisée, le mandat d’Emmanuel Macron restera peut-être associé à un concept, celui de « décivilisation », mot qu’il avait prononcé en mai 2023 en écho à plusieurs faits divers, pour interpeller la société sur la violence qui ronge les mœurs et dont, selon lui, « le politique n’est pas le seul responsable ». Nous serions ainsi engagés dans un processus de dégradation des normes sociales, de l’ordre symbolique et des structures communes, alors que le sociologue allemand Norbert Elias avait bâti sa notoriété sur le mouvement par lequel les règles deviennent de plus en plus codifiées et intériorisées. La civilité n’est pas « naturelle » : elle est apprise, transmise, instituée, comme se tenir dire à table, dire bonjour madame, ou laisser sa place dans le métro. Inspirée d’une analyse utilisant des références à Marx et Gramsci, Gaël Brustier date de la crise de 2008 le basculement vers la brutalisation de la société et l’éclatement des cadres de référence comme les grands partis socio-démocrates dont l’effondrement aura lieu quelques années plus tard. Les chrétiens ont une responsabilité à exercer pour empêcher les jeunes de sombrer dans des causes convulsionnaires et stériles.

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    21 novembre 2025

    Renouer avec les milieux populaires, enjeu du catholicisme contemporain

    17 min
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    Yann RAISON du CLEUZIOU, politologue, professeur des universités en science politique. Auteur de Vers une Église sans peuple - Serge Bonnet et le catholicisme populaire (éditions du Cerf)

    Au début du mois, le nouveau président de l'épiscopat Mgr Jean-Marc Aveline avait plaidé pour que l'Église « garde sa liberté de parler » afin de « ne pas être à la remorque des idées dominantes ». « L'Église n'a pas d'adversaire, mais elle a un message, et elle doit le dire, que ce soit facile ou pas », s’était écrié l’archevêque de Marseille. Mgr Aveline avait aussi évoqué « l'attrait d'une plus claire identité chrétienne dans une société très plurielle, l'attrait de racines traditionnelles dans un contexte où les repères manquent ». Dans son discours d'ouverture de l'assemblée le cardinal avait fait une mise en garde en estimant que « si le désir d'identité est parfaitement légitime, l'extrémisme identitaire en est une caricature dangereuse ». Cette inquiétude peut être mal comprise ou déformée, à l'image de cette chroniqueuse sur BFMTV le 18 novembre – qui affirmait sans citer ses sources qu’il y avait une montée de l’intégrisme catholique dans les prisons françaises. Il y a bien une radicalisation religieuse en France mais pas chez les chrétiens, comme l’illustre une longue étude de l’Ifop. Plus largement, si le catholicisme se minorise en France, il y a aussi un besoin d'appartenance qui interroge l'institution, laquelle avait malencontreusement chassé les milieux populaires pendant les années 60, comme l'avait relevé le sociologue et historien Serge Bonnet dont Yann Raison du Cleuziou vient d'écrire la biographie.

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    20 novembre 2025

    Radiodon à Metz

    17 min
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    Raphaël PITTI, professeur agrégé de médecine d'urgence et de catastrophe, anesthésiste réanimateur, conseiller municipal de Metz en charge de l’accueil des réfugiés et de l’intégration, président de l'association de solidarité HUSOME, Humanité-Solidarité-Médecine

    « La France doit accepter de perdre ses enfants. » Nous ne sommes pas en 1914, ni en 1940 mais en 2025. La personne qui s’exprime n’est pas un agitateur de plateau télévisé ; c’est le chef d'état-major des Armées français, le général Fabien Mandon, homme lige du président de la République, chef des Armées lui-même. Le général Mandon s’exprimait hier lors du Congrès des maires de France. « Ce qu'il nous manque, et c'est là où vous avez avec un rôle majeur, c'est la force d'âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l'on est », a dit devant les maires le plus haut gradé français qui prédit un choc avec la Russie « dans trois, quatre ans ». La phrase clé de sa déclaration est la suivante : « Si notre pays flanche parce qu'il n'est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production défense, alors on est en risque. Il faut en parler dans vos communes », a-t-il conclu. Médecin humanitaire, Raphaël Pitti analyse ces propos à l’aune de sa longue expérience des conflits et de sa connaissance des institutions internationales.

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    19 novembre 2025

    Radiodon à Dole (Jura)

    17 min
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    Rémi JOBARD, président RCF Jura 

    À mi-chemin entre Besançon et Dijon, Dole est l’ancienne capitale de la Franche-Comté jusqu’en 1676, date de son rattachement à la France. Avec sa collégiale et son parlement, la cité appartenait à la Bourgogne palatine, à l’époque où la Bourgogne descendait jusqu’à Marseille et englobait la Provence. Aujourd’hui, RCF Jura est la radio du réseau RCF dont la notoriété est le plus élevée. Sur 220000 habitants, la moitié connaît la radio, 35000 l’écoutent régulièrement et 10500 au moins une fois par semaine (sondage Médiamétrie). Passionné de ski de fond et de vélo, Rémi Jobard est pleinement engagé dans le marathon que représente aujourd’hui le développement d’une antenne dont les exigences augmentent, à la lumière d’investissements technologiques sur le DAB+, un enjeu pour rester en prise avec l’évolution des modes de consommation de la radio.

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    18 novembre 2025

    Radiodon à Valence

    17 min
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    Damien BOYER, réalisateur du documentaire Baroudeurs du Christ

    Installé à Montmeyran, près de Valence, Damien Boyer fait partager son enthousiasme de réalisateur, lui qui, après Sacerdoce, nous fait découvrir le visage de cinq baroudeurs du Christ, des prêtres des Missions étrangères de Paris qui donnent tout aux populations d’Asie et de Madagascar. Un éloge à l’humanité, à la radicalité et à la générosité. Sur cette réalité catholique, il pose son regard de protestant évangélique.

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    17 novembre 2025

    Le tour de France du radiodon démarre à Marseille

    17 min
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    Raffi DELANIAN, médecin, président de Dialogue RCF, représentant de l'église apostolique arménienne au comité oecuménique de Marseille

    S’il est une ville laboratoire qui vit l’œcuménisme en actes, c’est bien Marseille, métropole où toutes les communautés vivent intra muros, contrairement à Paris et à Lyon. Ici, les Arméniens représentent 10 % de la population, 80000 personnes, dit-on, car la France refuse les statistiques de nature ethnique ou religieuse. C’est la deuxième plus grande chrétienté à Marseille, avec trois branches qui se parlent et s’estiment depuis le 50e anniversaire du génocide de 1915 : l’église apostolique, les évangéliques et les uniates. L’église apostolique, héritière de saint Thaddée et saint Barthélémy, a son petit Vatican, à Etchmiadzin. Les Arméniens ont une connaissance aiguë du monde islamique, ayant vécu cinq siècles de dhimmitude. En terre d’islam, cela signifie qu’ils sont à la fois protégés et inférieurs. Les vagues de persécution ont laissé des traces et, pour la diaspora, ont contribué à souder les Arméniens, ceux qui en particulier ont débarqué à Marseille pour refaire leur vie et, souvent y faire de belles carrières, à l’image de Raffi Delanian, fils d’orphelin, devenu médecin et président de Dialogue RCF.

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